Pour qui sait ce qu’est le souci de l’eau dans les pays semiarides ou désertiques, il peut sembler que les problèmes de mise en valeur de la terre et de subsistance des populations sont réglés pour l’essentiel lorsque, grâce au captage des eaux superficielles ou profondes, et par l’irrigation, des apports réguliers
et suffisants du précieux liquide peuvent être assurés aux cultures. Telle devrait être la réaction instinctive de l'homme des terres sèches, pasteur ou paysan, celle aussi, si l’on peut dire,
de l’Etat responsable du niveau de vie des populations. Et pourtant, on voit le premier vivre chichement sans pouvoir ni savoir utiliser rationnellement les ressources en eau cependant que le
second tarde à préciser sa politique en matière d’hydraulique, non seulement à cause des investissements qu’elle supposerait, mais aussi faute de savoir l’orienter. L’eau est-elle là, que de
fois elle est médiocrement utilisée, soit que la tradition n’en permette pas une meilleure économie, soit que, devant son irruption, l’homme (ou l’administration) n’arrive pas à concevoir
ou à libérer la force révolutionnaire de ce nouvel élément. Décrire les solutions traditionnelles, telles qu’elles existent en Tunisie, qu’il s’agisse de la distribution des eaux de source ou de forage telle qu’elle se pratique dans les oasis, ou de l’utilisation des eaux de ruissellement, comme, on le fait dans la steppe, c’est là le premier objectif du présent fascicule. Avec ces observateurs minutieux qu’ont été, chacun pour leur part, le
capitaine Gaillard, MM. Faivre-Dupaigre et Attya, on se portera successivement dans les Nefzaoua, à Gabès et à Tozeur. Puis, procédant par voie comparative, on se référera à deux
exemples pris à l’extérieur, l’un en secteur traditionnel : c’est ce qu’a fait le capitaine Gaillard pour le Maroc; l’autre dans un secteur nouveau ou rénové en pays socialiste : le professeur J. Dresch a bien voulu nous confier ses notes sur l’irrigation en Ouzbékistan. On a cependant voulu sortir d’un cadre trop exclusivement
descriptif ou documentaire pour aborder, ne serait-ce que de loin, les problèm es posés par l’irrigation. Il serait vain de croire qu’ils sont tous résolus, dés que l’eau parvient en bout de champ ! Fournir de l’eau en quantité n ’est rien s’il ni] a pas d’abord réflexion et décision sur l’utilisation de cette eau. Une année durant, des techniciens de l’administration, des agriculteurs, des universitaires, économistes, géographes et sociologues se sont réunis, au Centre d’Etudes des Sciences Humaines de
l’Institut des Hautes Etudes de Tunis, pour am orcer une telle réflexion. Que la solution ait été découverte, (jue m êm e une clarté suffisante dans la vision des choses ait été obi en ne, il s’en
faut, et de beaucoup. Aussi bien, s’agissait-il, dans l’esprit de ceux qui participèrent à ces séances de l’ébauche ou de l’am orce d’un travail dont on aimerait qu’il fût repris, répercuté et s’il se
peut, achevé. D eux textes font ici même écho ci ces discussions : le texte de départ, celui sur lequel il fut demandé aux participants de réagir : il avait été proposé par M. G. Valdegron, alors directeur du Service botanique de Tunisie, qui avait eu déjà l’occasion de faire part aux lecteurs des Cahiers de Tunisie de
ses préoccupations dans ce domaine (1); le texte final de synthèse, rédigé par un économiste, G. Destanne de Bernis. On voudrait que les discussions qui furent menées entre ces deux
temps, puissent rebondir et se prolonger à la suite de la publication du présent fascicule. Ceci non pas par amour d’une diaectique qui ne serait qu’un jeu, mais à la pensée de l’intérêt profond, on peut même dire vital, des questions posées.
Ce dont il s agit, en définitive c’est de « tourner » l’eau pour le plus grand bien du plus grand nombre : puissent ces quelques pages y aider.
Editorial ............................................................................................................... 5
L’OASIS
Capitaine Gaillard : Quelques aspects du problème de
l’eau dans les oasis........................................................................................... 7
Jean-Paul Faivre-D upaigre : L’irrigation traditionnelle
dans l’oasis de Gabès.................................................................................... 23
Habib A itya : L’organisation de l’oasis.................................................... 39
Commandant Godard : Le Djebbad du Fezzan..................................... 45
Jean D rescii : Kolkhozes d’Ouzbékistan, aux
environs de Tachkent ................................................................................... 57
L ’IRRIGATION DANS LA STEPPE
Lucien Bugeat : Les irrigations dans le Centre de la Tunisie............. 63
P. C hauvin : L’irrigation à El-Alein............................................................ 75
PROBLEMES
Georges Valdeyron : Pour une utilisation rationnelle de
l’eau en agriculture méditerranéenne...................................................... 79
Gérard Destanne de Bernis : Problèmes économiques
concernant l’utilisation de l’eau en périmètre irrigué.......................... 97
CHRONIQUE BIBLIOGRAPHIQUE
ontribution à l’étude de l’irrigation (P. Mauthelot).
—Péninsules méditerranéennes (P. M.).
— Oasis (P. M.).Entre Steppe et Sahara : le Djebel Amour (P. M.)
—L’Islam, donnée géographique (P. M.).
— Sociologie de l’Afrique Noire (D. Paupiiilet) ..................................113
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