D’aucuns s'étonneront du thème choisi pour le premier numéro spécial des « Cahiers de Tunisie » (1) : les structures foncières, sujet austère, encore que dangereux, plus proche, au demeurant,
des préoccupations du juriste que de celles du sociologue... Il s'agit ici pourtant d'un propos mûrement délibéré, dont la Rédaction de notre jeune revue voudrait assumer la pleine responsabilité.
Aussi bien, géographes, économistes et sociologues n’ont-ils pas l’impression d’avoir débordé en domaine étranger, les disciplines juridiques étant elles-mêmes sciences humaines par leur matière même et par l'une de leurs orientations possibles. Mais surtout avons-nous voulu signifier par là que l’étude
des structures foncières est bien l’une de nos préoccupations primordiales, comme elle l’était pour Marc Bloch lorsqu’il inscrivit au sommaire des Annales d'Histoire Economique et Sociale,
pour la première année, l’étude des plans parcellaires de différents pays d’Europe (2).
Pour la Tunisie, comme pour beaucoup de pays marqués par un certain traditionalisme agraire, lui-même plus on moins bousculé par la nécessité d’une mise en valeur plus intensive,
il y a un déterminisme foncier des sociétés ruades et de l’économie, qui surclasse, et parfois très largement, le déterminisme physique, en apparence si tyrannique. En fait, les structures foncières réelles expriment des rapports concrets entre l’homme et la terre, rapports d’exploitation et de possession.
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